Galerie Templon - 30 rue Beaubourg 75003 Paris 3e
mardi 30 août 2016 par Jean-Paul Gavard-PerretPour imprimer
Gregory Crewdson : la dernière solitude
Gregory Crewdson, "Cathedral of the Pines", Galerie Templon, du 10 septembre au 29 octobre 2016. "Cathedral of the Pines”, texte d’Alexander Nemerov, Aperture Editeur.
Les impressions numériques digitales des photographies de "Cathedral of the Pines" pourrait avoir comme exergue "La vie ne semble un bien qu’à l’insensé" (Hégésias). Ces oeuvres "disent" le silence qui rode à la périphérie des êtres avant de s’en emparer. Existe une suite de chute hors du temps. Les êtres semblent pris dans un état de lassitude d’être éveillé dans un silence inépuisable. Crewdson rejoint le lieu où selon Emily Dickinson se trouve la vraie poésie : celui où, saisi d’un froid, rien ne peut plus la réchauffer.
Se succèdent des épreuves de solitude, dans des épreuves du manque et de l’absence même lorsqu’une mère et sa fille sont réunies. Plutôt que de psychologiser les scènes l’artiste leur accorde une dimension de fable ou de mythe. Reste un état d’endormissement ou d’insomnie dont Beckett souhaite la fin dans le dernier mot de Soubresaut : "Finir". Dans "Cathedral of Pines" ce finir est impossible. Les personnages sont absorbés par ce on ne sait quoi. Reste une dernière chute hors du temps dans un état et des limites où l’horizon est bouché. L’usage éprouvé de l’image permet de suggérer ce malaise..
Surgit une poésie étrange et paradoxalement douce par un imaginaire qui ne se vautre jamais dans la forfanterie ou l’émotion de surface. Les êtres même réunis perdent le contact les uns avec les autres voire avec eux-mêmes au sein d’une cohérence aussi complexe que défaite.
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