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Jacques Polart : Fragiles verticales
dimanche 26 janvier 2014 par Jean-Paul Gavard-Perret

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Dans les photographies de Jacques Polart la lumière courbe l’articulé, le transporte vers une certaine idée de la transparence. L’averse des les verticales et horizontales zébrées donnent aux poitrines et aux jambes et jusqu’aux gorges qu’on dit chaudes un caractère particulier. Elles nous séparent d’elles comme de New-York. Il y a tout un cloaque des formes. Comme à la surface de l’eau en coule un miroitement perpétuel de reflets, de traces indicibles.

Persistance d’un filet d’abord puis d’un fleuve qui enfle vers la révélation toutefois différée. New-York devient un terrain de jeu pour les filles et leur voyeur tant les photographies possèdent la vérité du leurre là où le bonheur ne prend pas forcément la pose. Le corps se fait lascif mais d’une manière plus profonde. Il cache encore ses secrets. Il ignore quel fantasme vient butter dessus.

Il ne s’agit plus de capture ou de prise, mais d’un abandon, d’un écoulement. Se crée un univers intime, personnel mais aussi plus large. Manhattan parce qu’il est habité à nouveau d’images retrouve sa valeur de chimère.

La femme s’y défait sans pour autant être docile. Du quotidien émerge un ailleurs inaccessible et qui vaut tout ce qu’on pourrait espérer. Certes il n’y a pas au bout de la route promesse de Paradis, pourtant c’est lui que l’image « expose » - à ce titre elle est bien une chose, une matière vivante. Certes le voyeur ne prétend pas aller jusqu’à sa chair, mais il sait où porte le silence lorsqu’elle manque. Il connaît le poids de la béance lorsque la vue manquant on ne peut plus voir le monde, on ne peut plus mettre de nom dessus.

Jacques Polart réveille les images endormies par la féerie des lignes. On met (presque) le doigt à travers ses interstices, on y entre par le trou de la serrure. L’absence elle-même est donnée comme présence absolue - le mot absolu est ici à sa place puisqu’il signale la séparation éprouvée dans toute sa rigueur (l’absolument séparé). Oui, l’image est une chose. Il convient d’en tirer les conséquences. Tout ce qu’on peut en dire c’est que sans elle nous poursuivons un cheminement sans suite, nous sommes en une incertitude de chemins. Alors laissons venir à nous de telles images. Espérons, à travers elles, que le monde ne s’efface de notre conscience afin de ne pas avoir à renoncer à son immensité errante.

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