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L’imaginaire métaphysique, - Yves Bonnefoy

coll. Librairie du XXIème siècle, Le Seuil, 170 p., 19,50 €.

samedi 28 décembre 2013 par Jean-Paul Gavard-Perret

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La recherche du sens au creux d’une nature en mesure de devenir terre de germination reste le centre de la quête d’Yves Bonnefoy. Son travail est donc une percée vers l’immanence en cette proximité qui ne peut se réduire aux réseaux de significations d’un domaine qui voudrait dominer la poésie : celui de la philosophie. Mais celle-là en demeure l’avant-scène sur laquelle elle doit garder la prééminence de son intuition (avec au besoin le soucie de la vérifier, même si ce n’est pas son objet) afin de constater si et comment la philosophie la suit pour en faire son miel.

Bonnefoy rappelle par ailleurs que la poésie présente une suite de "pulsions inconscientes" qui n’appartiennent pas au domaine du rêve et n’ont même rien à voir avec lui. Le poète n’est pas un "doux rêveur, mais c’est son contraire : quelqu’un qui croit à l’illimité d’une connaissance dont il ne sait rien, mais qu’il anticipe. Le poète doit donc posséder des "convictions en rien établies ». C’est pourquoi il cherche, erre, navigue contre la certitude pour sa vérité. Néanmoins de quelle vérité s’agit-il ? Tout ce qu’on peut en dire - puisque dans chaque expérience, de Dante à Beckett, elles sont différentes - est qu’écrire ne suffit pas : il faut un long travail et un amour des hommes et la connaissance des sommes qui ont précédé le poète. Les questions qu’il se pose doivent tenir compte des réponses venues du tréfonds des mondes.

Il existe donc chez le « vrai » poète l’austérité du labeur et non du vague à l’âme. Avec obstination, il doit revenir sur les êtres, les choses, la langue à reprendre au sein même de - dit Bonnefoy - ses "répétitions". Il tente par fragments de donner "des actes de vérités". Qu’importe qu’ils semblent illusoires si quelque chose avance contre l’illusion en un travail qui voudrait se concevoir comme une œuvre de totalité. Mais une telle œuvre n’est, rappelle l’auteur, jamais totale.

Bonnefoy ajoute qu’il n’existe pas de lois poétiques, mais des règles personnelles. Pas de pères, ni de re-pères mais juste quelques repères. Qui sait ? On va-t-on ? Le poète l’ignore, mais il avance sans pour autant foncer dans le délire. Car la poésie - même celle d’Artaud - n’est pas une pure folie. Elle est une errance constructive : "piétonnier à la recherche de sa vérité" telle est la "fonction" du poète. Cela peut paraître présomptueux, mais sans ce sursaut d’orgueil et de travail qui nourrissent l’intuition la poésie n’est rien. Elle est donc la paradoxale redécouverte de l’immédiat, de ce qu’on imaginait ne pas connaître. Un tel chemin possède forcément quelque chose d’obscur puisqu’il n’existe pas de topologie préalable à cette avancée. Mais peu à peu et selon Bonnefoy, elle offre "une chair moins nue de se savoir écrite et partagée".



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