Huit nouvelles publiées aux Editions Rizzoli
lundi 19 novembre 2012 par Françoise Urban-MenningerPour imprimer
Mercredi 7 novembre 2012, l’auteure italienne, Dacia Maraini, invitée par l’Institut italien de Strasbourg, présentait en français son dernier ouvrage "L’amore rubato" à la librairie Kléber à Strasbourg. L’auteure s’inspire de faits divers réels pour témoigner dans ses nouvelles, récits ou contes de la violence faite aux femmes.
Cette violence, selon Dacia Maraini, ne trouve pas sa source dans la nature mais dans une tradition culturelle qui renvoie au péché d’Eve, la femme tentatrice, dangereuse, incontrôlable...C’est l’Eglise qui se chargera de "mettre de l’ordre" et d’établir des lois qui feront de la femme une créature inférieure, une épouse soumise, voire un objet de consommation à posséder.
Et c’est véritablement, cet instinct de possession qui est devenu le lit de toutes les violences faites aux femmes. L’homme en disant "je t’aime" à une femme s’imagine parfois qu’elle lui appartient corps et âme.
D’où les récits nés sous la plume vive et clairvoyante de Dacia Maraini qui reprennent des histoires vécues où la jalousie, la manipulation, le viol mettent en exergue la douleur des femmes qui, le plus souvent, se taisent. Car l’impensable se situe dans cette chape de silence qui lie inexorablement le bourreau à sa victime et réciproquement.
Ce silence est relayé par une société qui, en ne dénonçant pas ces violences ordinaires, banalisées, devient alors complice de ces crimes.
Et Dacia Maraini de rapporter le récit d’un procès qui s’est déroulé récemment en Italie où une jeune fille âgée de 12 ans, victime durant de longs mois de viols collectifs a dû subir l’opprobre et les insultes des mères des violeurs qui l’ont accusée d’avoir joué les aguicheuses ! Un procès qui n’est pas sans rappeler celui des tournantes de Créteil ! On assiste dans les deux cas à un renversement insoutenable des rôles où la victime devient doublement victime, un mécanisme que Dacia Maraini a su dénoncer avec une grande lucidité.
Ces récits qui viennent d’être publiés en italien sont déjà en cours de traduction et paraîtront bientôt en langue française. Rappelons que Dacia Maraini a mis en lumière également la violence faite aux enfants et que l’auteure est une militante infatigable qui parcourt le monde pour témoigner des horreurs commises à l’encontre des plus faibles. Amnesty International lui fournit des informations qui sont autant de matériaux qui nourrissent ses écrits et dont le but est d’éclairer notre conscience dans un monde où la cause des femmes est un combat qui se gagnera sur le front de l’intelligence et à la faveur d’une réelle évolution culturelle.
Françoise Urban-Menninger
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