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La blonde en béton - Michael Connelly
samedi 4 août 2012 par Ange Philippe

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« Sur cette terre, personne n’est ce qu’il prétend être. Personne. Dès qu’on se retrouve seul chez soi, derrière la porte fermée et verrouillée… Et qu’on en pense, personne ne connaît personne. Dans le meilleur des cas, on peut seulement espérer se connaître soi-même. »


Des pépites du même genre, le livre en renferme tellement que ce fut un calvaire de choisir la phrase qui mettrait le plus en valeur ce superbe roman de Connelly. Comment définir un bon roman policier ? Il faut juste trois critères : un fil conducteur hyper réaliste au point de confondre réalité et fiction, des personnages aux caractères différents et souvent opposés et un suspense inégalable. Ces trois points sont bien présents dans cet ouvrage d’ inspiration géniale.

Ce roman, le troisième de Connelly marque une étape importante dans la carrière du héros Harry Bosch. Pour la première fois, il va devoir accepter qu’il a pu se planter dans une précédente affaire policière. Cette intrigue bien différente des classiques, est un véritable bol d’air dans le monde du polar qui souffre d’intrigues trop stéréotypées et dont la profondeur semble parfois recopiée sur des intrigues hollywoodiennes. Avec la blonde en béton, on est plongé dans le système judiciaire américain, sa grandeur et ses défauts. Bosch est sur le banc des accusés et il va devoir mettre ses propres convictions à l’épreuve. La mise à l’épreuve de cet homme si serein, si convaincu, si intuitif est terrible. Bosch a toujours eu une intuition infaillible, qui surmontait toutes les difficultés. Et pourtant, son intuition cuirassée est profondément ébranlée et bouleversée elle présente des failles rarement vues chez le héros de Connelly.

Non content de torpiller le moral de Bosch, l’auteur insiste sur la notion de Justice. A mi-chemin entre l’éthique et la déontologie, la justice semble avoir perdu de sa superbe au cours de cette histoire. La preuve en est faite avec les suspects accusés très souvent à tort, les suspicions étant basées sur l’instinct d’un bon flic certes mais seulement sur un instinct. La justice peut se présenter sous la forme d’une avocate pleine de poigne et confiante en ses convictions mais trop partiale pour être optimiste ; la justice peut se présenter sous la forme d’un professeur de lycée honnête et passionné mais trop sentimental pour comprendre la nature sombre et vorace des hommes et qui ne peut pas porter un jugement correct ; la justice peut enfin se présenter sous la forme d’un inspecteur de police héroïque, juste et à la recherche de la vérité mais qui est dans le collimateur de cette même justice à qui il voue une admiration sans bornes. Au final, le lecteur ne trouvera aucun personnage pour représenter la justice dans toute sa splendeur car cette notion particulière s’appuie sur une conviction intime et personnelle. Malgré tout, Connelly arrive de façon subliminale à montrer ce qu’est la justice : c’est l’espoir. L’espoir que justice sera rendue.

Le fil conducteur est quant à lui remarquable. La nature sombre du monde est éclairée de mille feux : les ennemis sont souvent des proches, à côtoyer un monstre on en devient un. Des notions souvent mises en évidence dans les histoires de Connelly et magnifiées par ce troisième opus avec Harry Bosch. J’ai apprécié les nombreux rebondissements du récit, les fausses pistes et les erreurs de jugement faites au cours de cette enquête. Lorsque les masques tombent, nul n’est épargné, ni Harry, ni les personnages secondaires. Chacun en prend pour son grade. Les surprises sont alors de mise. J’ai adoré les anecdotes réelles ou fictives de cette histoire. Au rayon de la réalité, l’affaire Rodney King est citée sans doute un clin d’œil de l’auteur qui a obtenu le prix Pulitzer après son reportage des Emeutes de Los Angeles qui ont pour cause ladite affaire. Au rayon Fictions, l’anecdote de la partie de bridge entre condamnés dont l’addition des peines surpassait le nombre de cartes en jeu, est croustillante et inoubliable. Je reste enfin stupéfait de l’incroyable cohérence de l’oeuvre de Connelly. Quand on sait que chez Connelly le meurtrier est un habitué et qu’il accomplit ses crimes en toute impunité, ça fait froid dans le dos. En effet, quoiqu’on en pense, personne ne connaît personne.



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