Poèmes publiés par Les Impliqués Editeur
vendredi 7 avril 2023 par Françoise Urban-MenningerPour imprimer
Une zone blanche est par définition, une zone du territoire qui n’est pas desservie par un réseau, notamment par celui d’une téléphonie mobile. La poésie y trouve-t-elle son dernier espace de liberté ? Vraisemblablement, car c’est ce que nous apprend Pierre Personne dont ne connaîtra pas la véritable identité et qui écrit depuis ce lieu où parlent tous les poètes qu’il convoque dans cet ouvrage.
En guise de préface, cette question essentielle nous interpelle "Qui t’a fait voix ?"...Pierre Personne apparaît en 1940, il commence à porter "le masque du paraître en société" alors qu’il se trouve "étranger sur la terre". Néanmoins, il choisit sa manière d’être au monde "par l’humble pratique d’une poésie d’éveil et de résistance". "Mais connaît-on son véritable visage ?"
Ce visage va se démultiplier de page en page, chacune de ses facettes nous sera révélée dans les citations que Pierre Personne mettra en exergue de ses poèmes, redonnant ainsi la parole aux fantômes littéraires qui l’habitent dans un monde où il dénonce les maux qui sous ses mots se transmutent en "phynance folle et silicolonisation invasive, voleuses de vies et d’âmes".
Que nous reste-t-il sinon la poésie : "Plutôt la poésie que le rien qui dévore ce monde".
Et l’auteur, qui se cache tour à tour derrière Pierre Personne, puis derrière Gabriel Charmes, le préfacier de ce livre, de s’authentifier à travers la chair des mots dans laquelle, il s’incarne : "tu es ma peauésie pour la vie : l’antidote au sang gris/ tu soulèves la non-vie/ vers son plein midi". Et de citer Aragon, Juarroz, Michaux, Apollinaire, Velter, Chedid, Péguy, Eluard, Pirotte et tant d’autres qui viennent éclairer, en nimbant de leur lumière, ce "Vertige Peauésie" où ce vers incandescent de Georges Perros nous aveugle de sa clarté "Nos restes sont plus vrais que notre présence".
Car bien évidemment, la question qui nous concerne tous est celle de la trace "nous ne voulons pas être dévorés par le Rien".
Et le poète de décrocher les dernières étoiles en écrivant :" c’est ainsi que peauésie/ te guide vers la sortie/ mourir n’est plus permis/ quand les ombres font cortège à la vie".
Nul doute que cette musique insinuante, qui s’inscrit en creux dans un monde en déliquescence, touche ce qu’il nous reste d’âme et d’esprit car l’auteur nous offre des parenthèses enchantées "tant qu’il restera une rose/ nulle vie ne sera close".
"Antidote peauésie", voilà la prescription de l’auteur pour survivre "aux addictions à la numérisation" et "renouer en nos mains" "le fil d’or de jours sans fin". Jean-Pierre Siméon nous l’avait bien dit "La poésie sauvera le monde" !
Françoise Urban-Menninger
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