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Le Réel
dimanche 21 mars 2010 par Meryème Rami

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S’interroger sur le réel revient à ouvrir un débat illimité et à soulever, en parallèle, les questions qui lui sont intimement rattachées (vérité, représentation, réalisme…).

Le réel a été l’objet de plusieurs études et de fréquentes interrogations émanant de disciplines diverses. C’est dans ce sens que le physicien Bernard d’Espagnat [1] essaie, dans son livre À la recherche du réel, de reprendre cette question qui semble demeurer éternellement en suspens. À travers les siècles, le concept résiste à toute définition fixe ou définitive autant dans le domaine philosophique que dans le champ scientifique. Par conséquent, construire un discours unifié autour de ce concept et résoudre les différents problèmes qu’il suscite reste une épreuve des plus difficiles.

1- Essai de définition

L’idée que l’on se fait de la réalité chancelle entre une conception exclusivement matérialiste qui réunit sous ce terme l’ensemble des objets concrets conçus par les sens et une conception large qui renvoie à toute chose existant dans l’univers sous une forme ou une autre, qu’elle soit perceptible par les sens ou par la pensée. Sous un autre angle, le réel c’est tout ce qui peut s’assimiler à l’obstacle heurtant les désirs de l’être, ce qui s’impose à l’individu de par sa présence ou, parfois, contre sa volonté, et qu’il ne peut aucunement modifier.

Paru en 1788, le terme signifiant les choses elles-mêmes ; les faits réels, la vie réelle, ce qui est renvoie au terme Réalité. En effet, le dictionnaire ne distingue pas les deux substantifs sur le plan de la signification [2]. Le Petit Robert propose plusieurs définitions qui synthétisent la réalité dans tout ce qui existe, matériellement parlant, et ce qui s’oppose, de ce fait, à l’imagination et au rêve :

  1. Caractère de ce qui est réel, de ce qui ne constitue pas seulement un concept, mais une chose.
  2. Caractère de ce qui existe en fait (et qui n’est pas seulement une invention, une illusion ou une apparence).
  3. La réalité, ce qui est réel, actuel, donné comme tel à l’esprit.
  4. La vie, l’existence réelle (opposé à désirs, illusions, rêve) ; ce qui existe (opposé à l’imagination ou la représentation de ce qui existe).

Si l’usage courant confond les deux termes réel / réalité, il n’en est pas de même du point de vue psychanalytique. D’après la théorie lacanienne, la réalité passe par le biais de la représentation notamment à l’aide du langage ; elle est ainsi distinguée du « réel » qui échappe à toute forme de représentation, de nomination :

(…) le réel ne se définit qu’en rapport avec le symbolique et l’imaginaire. Il désigne, pour le sujet, ce qui échappe à l’ordre du symbolique. Il n’est donc en aucun cas synonyme de réalité, dans la mesure où la réalité est précisément ce qui est représenté par l’ordre symbolique du langage, et ordonné par lui. Le réel, c’est justement l’irreprésentable, l’innommable, l’impossible. [3].

Aussi, le concept se rattache à la faculté de perception ou de jugement dans le sens où la réalité est ce qui, selon des conditions retenues ou choix opérés au préalable, est considéré comme telle. De nombreux facteurs entrent en lice pour donner une certaine configuration du réel -qui demeure fluctuante, changeante- notamment les modes de perception et le progrès scientifique. C’est ce qui amène ce paradoxe s’agissant du débat sur la réalité perçue, d’une part, comme une présence concrète, de l’autre, comme une question de jugement.

Le débat reste ouvert : si la réalité est quelque chose de matériel et si le « jugement » est un élément déterminant dans sa conception, on ne peut que se poser la question : la réalité se limiterait-elle à une simple présence conceptuelle ? Ou encore serait-elle « celle des idées comme le posait l’ancienne philosophie, celle de l’expérience comme le veut l’usage courant, ou bien celle qui prend corps dans une œuvre d’art ? » [4].

Donner une vision harmonisée, une conception homogène au mot réalité s’avère une entreprise délicate. Cette notion se caractérise par son élasticité infinie c’est-à-dire par la richesse, l’abondance de ses facettes et de ses composantes. C’est dans ce sens qu’on parle de « niveaux de réalité » [5] pour mettre l’accent sur cette conscience d’indétermination et d’infinitude se rapportant à ce concept problématique.

La réalité est variable aussi bien dans la vie que dans la littérature qui se base précisément sur la différenciation de plusieurs niveaux de réalité. La littérature est inconcevable en dehors de ce fait : la réalité est non seulement multiple, mais variable en degrés. Les différents niveaux peuvent coexister même s’ils paraissent contradictoires. La réalité n’existe que sous forme de parties, de parcelles. Ce qui est réel, c’est cette présence sous forme de niveaux, c’est cette fragmentation. D’où le glissement vers la « réalité des niveaux » [6] au lieu des « niveaux de la réalité », celle des fragments, des degrés du réel.

2- Réalité / Vérité

Le concept de réalité est intimement lié à celui de vérité, les deux semblent indissociables. L’un renvoie à l’autre : une chose réelle est jugée véritable de par son existence concrète ; la vérité d’une chose est estimée de par son caractère réel. D’ailleurs, « (…) la réflexion philosophique tend à réduire la notion de réalité à celle de vérité. Toute réalité semble donc avoir besoin d’une vérité qui la fonde, et sans laquelle elle ne serait qu’apparence » [7]. De son côté, Yves Cattin, dans son ouvrage Aborder la philosophie, parle du « réel brut, qui ne subit aucune transformation, n’a rien à offrir sinon le dogme de sa prétendue vérité » [8]. L’adjectif brut est, probablement, à prendre dans le sens de pur, originel. À partir de là, le rapprochement est facile à établir avec l’adjectif « véritable » puisque un « art pur » ne peut qu’être véritable. Yves Cattin continue d’établir le rapprochement en déclarant que « [la] vérité est conformité de la pensée à une réalité préexistante à la pensée, réalité qu’il s’agit d’exprimer. La vérité est en somme copie conforme. La vérité est donc entièrement dépendante de la réalité » [9].

Toutes les formes d’expériences connues à travers les siècles, ainsi que les différentes réflexions portées sur l’homme et sur le monde, ont comme moteur premier et pour finalité ultime ou comme déclencheur premier la quête de la vérité. À considérer la création littéraire ou artistique comme fondée sur une prise de position quelconque, sur une série d’engagements, la « vérité » devient un maître mot dans la production littéraire. L’artiste se voit chargé de livrer une Vérité au monde, dans un présupposé d’équilibre entre le monde contemplé et la création comme expérience intimiste. Tout en cherchant à instaurer une certaine vérité, cette quête suit des chemins différents : il y a une vérité expérimentale notamment dans les sciences, il y a une vérité conceptuelle, une vérité perceptible par les sens. [10]

La vérité, dans le projet réaliste, réside dans sa conformité au réel. Les deux concepts sont consubstantiels : on ne peut concevoir l’un sans l’autre. D’un côté, faire vrai c’est se conformer à la nature, c’est reproduire le réel. De l’autre, le réalisme n’a de sens que s’il s’appuie sur un message, sur une vérité à construire. Cependant, cette vérité ne peut, en aucun cas, être éternelle puisqu’elle répond à une idéologie précise à un moment donné de l’Histoire. Cette idéologie est variable selon les convictions des uns et des autres. Donc, la réalité est conçue selon une vérité élue, choisie.

Mais, il faut reconnaître que, d’une manière ou d’une autre, la vérité à laquelle aspire le réalisme, celle de refléter le réel, reste une utopie, un mythe car « le texte réaliste ne copie pas le réel. Il vise à faire croire qu’il renvoie à une réalité vérifiable. Sa première préoccupation est celle du vraisemblable, de la ressemblance avec le réel. Il doit faire croire qu’il se conforme au réel et non à ses propres lois » [11].

3- Mimésis

Si le débat sur le « réalisme » et sa prétention à copier le Réel demeure perpétuel, on ne peut nier qu’une des grandes ambitions de la littérature est de pouvoir refléter le monde. Toute œuvre fictionnelle se fonde sur une tension entre représentation et réalité. Cette ambition est un héritage de la pensée aristotélicienne qui, convaincue qu’à l’origine était l’imitation, la conçoit comme l’instinct naturel de l’homme. Si la tradition d’imitation remonte à l’antiquité et trouve son origine dans le livre X de La République de Platon, Aristote en est la référence principale en définissant il y a plus de vingt siècles l’art comme imitation de la nature. Le théâtre est le genre mimétique par excellence puisqu’il représente directement des hommes en action :

La tragédie est donc l’imitation d’une action noble, conduite jusqu’à sa fin et ayant une certaine étendue, en un langage relevé d’assaisonnements dont chaque espèce est utilisée séparément selon les parties de l’œuvre ; c’est une imitation faite par des personnages en action et non par le moyen d’une narration, et qui par l’entremise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation des émotions de ce genre. [12].

Pour Platon, la définition de la mimésis est claire : ce qui est copie littérale du réel. Pour Aristote, la définition reste vague : du moment qu’elle recourt à des signes aussi bien linguistiques (le vers tragique) que non linguistiques (décor, espace, acteurs…), on ne peut la restreindre à une simple activité reproductive, de copie du réel. Ainsi, la mimésis est une fabrication (« poiesis »), une construction du réel à l’aide de matériaux divers.

Pour Aristote, la mimésis est au fondement de la poésie ; elle « n’est plus dégradée par rapport au réel, elle est au contraire douée d’un caractère d’idéalisation » [13]. Si Aristote assigne au poète la fonction d’imiter la nature, il n’en demeure pas moins que la réalité, objet de représentation, est soumise à un choix. On n’imite pas toute la réalité mais une certaine réalité, choisie au préalable : « (…) le rôle du poète est de dire non pas ce qui a réellement eu lieu mais ce à quoi on peut s’attendre, ce qui peut se produire conformément à la vraisemblance ou à la nécessité » [14]. Donc, la théorie aristotélicienne de la mimésis se base sur la nécessité de soumettre le réel à une sélection.

Par contre, Platon dénonce l’imitation comme situation d’énonciation illusoire, comme situation fausse venant doubler le réel et prétendant se donner pour vraie. Il s’y attaque en montrant que le poète, comme le peintre, est de trois degrés éloignés du réel :

Celui-ci représente les choses sensibles dans son poème comme dans un miroir trompeur. Or les réalités sensibles ne sont elles-mêmes que des apparences conformes aux Idées, ou essences des choses, qui seules existent véritablement. Dans ces conditions, la représentation artistique n’est qu’un trompe-l’œil, une dangereuse illusion, “un simulacre de simulacre” (605 c), correspondant à ces trois degrés : le dieu forme les idées qui définissent les choses ; l’artisan, ayant l’idée présente à l’esprit, fabrique des objets qui y sont conformes, en vertu de la science qui lui communique leur usager ; enfin le poète, comme le peintre, les reproduit, les imite aveuglément, dans une parfaite ignorance de leur usage et de leur fabrication, en se laissant guider par les préjugés du commun. [15].

Placé au troisième rang, après Dieu (le véritable créateur) et l’artisan, le peintre imite une apparence (l’ouvrage des artisans), une facette de la réalité qui reste inaccessible pour lui. Donc, on ne peut accéder à la vérité du moment que la réalité reproduite est illusion, simulacre. De même, comme ils sont justes des imitateurs d’images, les poètes sont incapables d’accéder à la vérité. Donc, ce qu’ils produisent c’est l’image d’une image, c’est un reflet (des « fantômes ») et non une création. D’où leur exclusion de la cité. « Représenter » revient à imiter une apparence et non une réalité puisque les Idées sont les réalités ultimes derrière les objets concrets du monde temporel. D’après la théorie de réminiscence, le réel sensible dans le monde ici-bas n’est que l’envers du monde réel originel. La vérité perçue n’est que la réplique d’une vérité première sise dans le monde des Idées.

Plusieurs facteurs vont intervenir pour une remise en question de la théorie de l’imitation. D’abord, la révision philosophique accompagnant l’avènement du roman réaliste et qui insiste sur la découverte de l’être, qui accorde une place importante à l’expérience individuelle, bref qui rend possible l’innovation dans le domaine de la création littéraire. Ensuite, l’apport de la critique d’inspiration marxiste qui prend ses distances par rapport à la théorie du reflet en incluant la dimension historique dans l’évocation du monde. L’œuvre n’est plus le miroir du monde mais élaboration d’une certaine réalité. Finalement, le roman moderne a attisé, à sa manière, la crise de la « représentation » en condamnant la théorie de l’imitation. Il a cherché à démonter les mécanismes de l’écriture réaliste en forçant sur la description pour déréaliser l’objet décrit, en montrant les limites de l’imitation car pour « imiter quelque chose (…) il faut que l’objet imité ne suscite aucun doute, aucune interrogation » [16]. Or, le monde est sans cesse variable, difficilement reconnaissable et nullement immuable.

4- Le réel : une illusion ?

Considérant les multiples acceptions se rattachant au réel, beaucoup de théoriciens remettent en question la crédibilité même de cette notion. Toutes les composantes dérivant du réel (matérialité, représentation, vraisemblance…) changent les termes du débat : et si après tout le réel n’est qu’une illusion ? Dans son ouvrage La Réalité de la réalité, Paul Watzlawick confirme cette hypothèse : « De toutes les illusions, la plus périlleuse consiste à penser qu’il n’existe qu’une seule réalité. En fait ce qui existe ce ne sont que différentes versions de celle-ci dont certaines peuvent être contradictoires et qui sont toutes des effets de la communication, non le reflet de vérités objectives et éternelles » [17]. L’auteur soulève la question de la réalité dans le domaine de la communication et dénonce l’évidence présumée de l’unicité ou l’uniformité de la réalité convaincu qu’il existe uniquement des conceptions subjectives et nullement une réalité absolue.

Peut-on donner une représentation exacte, objective et totale de la réalité ? Comme la mimésis est construction du réel à l’aide de matériaux variés, la réponse ne peut qu’être négative car il y a autant de vérités qu’il y a d’hommes. La vérité change en fonction des sensations et des jugements variables à l’infini. On ne peut accéder à la vérité du moment que la réalité reproduite est simulacre. L’écrivain réaliste ne peut livrer qu’un réel illusoire, sa préoccupation majeure est de « savoir comment donner cette impression de réalité » [18]. L’écriture romanesque est motivée par le désir de donner à l’œuvre un aspect naturel qu’on ne peut obtenir en dehors d’un masquage. L’illusion référentielle cache le désir de traduire la vie de façon convaincante. En s’attelant à créer un « effet de réel » [19], le réalisme ne serait qu’une maîtrise illusionniste du monde. L’idée que le réalisme n’est au fond qu’une vraisemblance n’est pas neuve. Dans sa préface de Pierre et Jean, Maupassant avait attiré l’attention sur le caractère illusoire de tout réalisme. Pour lui, les Réalistes sont des illusionnistes.

Conscients de cette stratégie, Austin Warren et René Wellek [20] enlèvent toute sacralité au réalisme et au concept du réel sur lequel il est bâti en mettant sur la même lignée des mouvements littéraires divers. Le réalisme et le naturalisme, tout comme le romantisme et le surréalisme, sont des mouvements littéraires à conventions déterminées. La différence n’est plus désormais à établir entre réalité et illusion mais plutôt entre des modes distincts d’illusion.

Donc, le réel serait une simple construction de la pensée ou le produit de représentations mentales, lesquelles représentations sont régies par des conventions précises.


[1B. ESPAGNAT (D’), À la recherche du réel. Le regard d’un physicien, Paris, Bordas, 1981.

[2Par conséquent, on utilisera, indifféremment, dans notre réflexion tantôt l’un, tantôt l’autre.

[3F. SCITIVAUX (de), Lexique de psychanalyse, Paris, Seuil, 1997, p. 74.

[4G. LARROUX, Le Réalisme, Paris, Nathan, 1995, p. 5.

[5« La révolution de la pensée physique n’est pas sans conséquences sur la façon de concevoir le réel. (…) En raison de son élasticité, elle [la réalité] n’offre guère que des « niveaux de réalité » ou de matérialité. Elle n’est ni déterminée ni immuable, mais elle présente ce profil discontinu, irrégulier et hasardeux de la vie. Personne, ni l’homme de science ni l’homme de la rue, ne peut s’accorder sur le sens que recouvre ce mot de « réalité »… », In G. BARBEDETTE, L’Invitation au mensonge. Essai sur le roman, Paris, Gallimard, 1989, p. 88.

[6I. Calvino, La Machine littéraire, Paris, Seuil, 1984 pour la trad. fr., 1993 pour la présente édition, p. 79.

[7Encyclopaedia Universalis, V. 19, p. 592.

[8Y. CATTIN, Aborder la philosophie, Paris, Seuil, 1997, p. 63.

[9Idem, p. 53.

[10« Le réalisme moderne part évidemment de la proposition que la vérité peut être découverte par l’individu à l’aide de ses sens », in I. Watt, « Réalisme et forme romanesque », Littérature et Réalité, Paris, Seuil, 1982, p. 15.

[11C. BECKER, Lire le réalisme et le naturalisme, Paris, Dunod, 1992, p. 104.

[12Aristote, La Poétique, Paris, éd. des Belles Lettres pour la trad. des extraits de Platon et d’Aristote (Appendices), Librairie générale française pour l’introduction, la traduction et les notes, 1990, p. 110.

[13Idem, p. 31.

[14Ibid., p. 116.

[15D. Fontaine, La Poétique. Introduction à la théorie générale des formes littéraires, Paris, Nathan, 1993, p. 19.

[16G. BARBEDETTE, op. cit., p. 93.

[17P. WATZLAWICK, La Réalité de la réalité. Confusion, désinformation, communication. Paris, Seuil pour la trad. fr., 1979, p. 137.

[18C. BECKER, op. cit., p. 9.

[19R. BARTHES, « L’effet de réel », in Littérature et réalité, p. 89.

[20A. WARREN & R. WELLEK, La Théorie littéraire, Paris, Seuil, 1971, p. 299.

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