jeudi 15 mai 2008 par Louise Gailland
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Lou est l’héroïne de ce roman. Elle est la femme de Jean-Paul, un homme qu’elle espère, par le mariage, pouvoir façonner pour qu’il devienne à l’image de son père, le notable du village. Devenant à son tour pharmacien, Jean-Paul doit tout à son beau-père. Mais Lou ne peut que constater que son artiste de mari, peintre dont elle est sûre qu’il échouera toujours à se faire reconnaître, ne s’est mis entre les mains de son tuteur et de la normalité que pour mieux résister. Cette résistance justifie la docilité du mari à se laisser initier par le père de sa femme. Le très grand intérêt de ce roman est de mettre en scène jusqu’à sa conséquence tragique, en impasse sans retour, le postulat indépassable : une fille est totalement et à jamais « installée » par son père. Installée dans sa beauté, dans son confort, dans sa bulle, dans son « rien ne manque », dans son regard spéculaire qui lui offre le miroir lui renvoyant l’image la plus belle qui la piège. Une telle fille est si assurée de sa valeur fascinante, du pouvoir irrésistible de sa beauté, qu’elle est intimement, mentalement, persuadée que personne, en la voyant avec son corps apparaître dans l’espace, ici celui d’un village, ne peut résister à se précipiter sur elle. Cet acte d’appropriation d’une telle beauté incitant au passage à l’acte est « certifié » par le curé : c’est lui qui ne peut s’empêcher d’y toucher. Lou est dans ce roman, l’air de rien, la fille si irrésistible que même le curé ne peut y résister, il sombre dans ce péché, mais il ne faut rien dire … Bien sûr, puisque la base de tout cela, le postulat de la beauté irrésistible de la fille tel que le mari doit être à la hauteur pour lui assurer la bulle de confort, est d’essence incestueuse : le père lui-même a depuis toujours mis la main sur cette fille en la confinant dans le confort qu’est l’assurance de sa beauté et aussi le confort matériel. Ce roman de Penvins est exemplaire pour écrire le piège narcissique auquel Lou, censée être le paradigme enviable pour les femmes au point qu’elles seraient toutes en puissances des « sœurs », n’échappera pas, elle en mourra, folle. La tentative d’empoisonnement du curé qui a mis la main sur elle est, à notre lecture, à entendre autrement : par le désir diabolique que suscite Lou, irrésistible, ce qui en dit long sur son pouvoir, juste par la conscience de la valeur suprême de sa beauté de fille certifiée par son père, le curé est « empoisonné », elle le fait jouir, il y a quelque chose de toxique, de venimeux, de paralysant, il ne peut pas se maîtriser, il est forcé de passer à l’acte, dans la sacristie, après le catéchisme. Même si dans le roman, Lou passe pour la « victime », victime d’une sorte de viol d’essence incestueuse puisque le curé est une figure paternelle, on peut lire entre les lignes son pouvoir fou d’ensorceler les hommes, et aussi le pouvoir « pervers » de se refuser, ce qu’elle fait avec son mari, après qu’elle soit devenue mère et autosuffisante dans la belle et idéale image qui confirme sa beauté déjà si reconnue. Alors, dans le refus de se prêter au devoir conjugal, Lou, évidemment, comme le démontre à merveille ce roman, ne laisse pas d’autre choix à son mari que celui d’aller voir ailleurs… Lou, par son refus, précipite son mari Jean-Paul … dans les bras les plus proches : ceux de sa sœur Eléonore. Lou les regarde dans les blés … Elle est sans doute sûre d’elle … il n’y a que des sœurs, et cette idée de clonage … Aucune chance que Lou soit mise en question dans l’assurance spéculaire paralysante, toxique, maligne de sa beauté et de son pouvoir, que son père a depuis toujours eu en mains. C’est ça l’intérêt de ce roman. Il n’y a pas à l’horizon d’autre femme, non initiée à la jouissance toxique spéculaire par le père … La sœur Eléonore semble dans ce roman tellement consentir à aller dans les traces de sa sœur Lou, aussi bien auprès de Jean-Paul qu’auprès des enfants, toujours pour confirmer la valeur paradigmatique inentamée de Lou. L’enfermement de Lou n’est pas seulement dans l’hôpital psychiatrique, il est surtout dans le piège narcissique qui empoisonne malignement son corps et son psychisme. Le plus pathologique, dans cette histoire remarquablement écrite dans ses détails, dans sa procédure inconsciente, l’auteur jouant à fond le jeu de la complicité « profonde » avec « l’enfer » narcissique de Lou, c’est que Lou nous est présentée comme déniant sa « maladie » narcissique, ce processus malin qui l’enferme de plus en plus dans une non vie, dans un piège, dans un complot. C’est aux yeux des enfants que c’est le plus évident. Lou est toujours en pleine forme, on l’imagine fascinante, et s’enivrant de se sentir fascinante, et jamais les enfants ne devaient avoir le moindre doute sur son aliénation psychique à sa belle image auto-suffisante initiée et certifiée par le père. Lou reste à jamais fœtus fille lovée dans le regard et le confort matériel du père. Le mari ne met jamais cela en question. Et l’auteur joue totalement le jeu. Si Lou finit par en mourir, le corps et l’âme marqués par une très grande souffrance, c’est la faute du curé et de la morale bien-pensante qui a interdit de faire éclater la vérité sur la place du village. En vérité, la faute se concentre sur le postulat de cette beauté de la fille. Sur le fait que ce père n’a jamais opposé à sa fille une hiérarchie entre la mère et la fille. Comme si la fille était toujours comme la mère mais en mieux. Comme si la mère, et encore plus la femme du père, n’avait pas une sorte de beauté de qualité irrémédiablement différente, enrichie à l’infini par l’expérience. La fille Lou meurt d’une inversion perverse, voire psychotique, de la « beauté », la beauté « autre » de la femme de son père dans le cas que ce roman expose n’imprime jamais chez Lou cette frustration originaire qui aurait dû certifier la coupure du cordon ombilical. Au contraire, Lou est à jamais enfermée dans la matrice toxique de sa beauté fixée au sommet de la hiérarchie, sans avoir, même si le roman ne le dit pas, avoir « subi » la hiérarchie de sa mère. Lou, c’est évident, n’a pas eu à jalouser sa mère parce que irrémédiablement préférée par son père, au contraire on pourrait penser que cette mère devait être « travaillée » de jalousie à l’endroit de sa fille, que son mari devait utiliser sa fille comme l’organe pour faire quelque chose à sa femme afin qu’il n’y ait pas de jalouses… Enfin, tout cela est silencieux, et nous le lisons entre les lignes juste à partir de l’indication selon laquelle Jean-Paul a dû se laisser initier par son beau-père, à partir du moment où il a été papa… Ce roman raconte une curieuse docilité de Jean-Paul … C’est très intéressant justement parce que c’est écrit comme les logiques inconscientes ont organisé les choses, les vies …
Analysons maintenant, par notre lecture, un peu plus le versant homme. C’est donc, disons-le, un roman de l’ambiguïté qu’excelle à écrire Penvins. Nous sommes là au plus près du malentendu qui règne dans un couple. La question à se poser, pour chaque mariage, est : pourquoi ces deux-là se sont-ils mariés ? Et ce sont alors des raisons absolument dissymétriques qui se mettent en relief. Les raisons de Lou sont évidentes : Jean-Paul est en apparence un garçon modelable, elle va pouvoir le faire ressembler à son notable de père, mine de rien c’est quelqu’un qui se laisse cadrer dans une normalité bien établie, bien morale, solide, bourgeoise, quitte à freiner des quatre pieds. Il se laisse prendre, séduire, et en même temps il dit qu’on ne peut pas l’y prendre puisqu’il résiste à ressembler au beau-père tandis qu’il devient pharmacien comme lui. Jean-Paul ne choisit pas, ne tranche pas, c’est confortable de suivre les rails tracées pour lui par une volonté féminine qui sait ce qu’elle veut, et en même temps il reste ailleurs, il réussit le tour de force de se faire rééduquer efficacement et en même temps rester un rebelle qui explique sa passivité et sa normalisation par le devoir d’assumer son rôle de père devant faire vivre sa famille. En même temps que Lou réussit à ériger son mari à la hauteur de son père afin qu’il assure, pour la bonne cause puisque c’est pour la famille, le confort domestique, elle espère que son côté artiste va apporter la fantaisie qui n’existe pas de son côté à elle. Elle n’en sort jamais, de sa croyance que l’homme, à la suite du père, doit émerveiller sa vie, et qu’elle bien sûr elle en vaut le coup… Jean-Paul, dans sa stratégie très cadenassée, semble désigner Lou comme celle qui décide, qui conduit, qui établit, et lui ne ferait que la suivre, tout en freinant bien sûr, tout en résistant, tout en étant ailleurs. Ambiguïté énorme, donc. Mais en vérité, l’essentiel n’est-il pas dans le non-dit à propos des raisons de Jean-Paul ? Bien sûr qu’il y a une complicité folle entre Lou et Jean-Paul, en même temps que beaucoup de haine ! Chacun de leur côté y trouve son compte, au début, dans ce mariage ! On devine que le père de Lou est son modèle d’homme, et que la meilleure manière de lui être fidèle est de trouver un homme acceptant de se laisser façonner pour devenir comme lui. C’est ça le piège : Lou ne risque pas de s’éloigner de son père, elle a réussi à se marier avec lui par Jean-Paul interposé. C’est d’un confort paradoxal inimaginable pour Jean-Paul ne pouvoir faire l’économie d’inventer sa vie, puisqu’il n’a, par sa femme, celle-là et pas une autre, qu’à suivre des rails balisés pour lui, et à refouler la proximité homosexuelle en déniant que c’est lui-même qui s’en est remis à un tuteur. Il a accepté la situation juste parce que sa femme le désirerait et parce qu’il fallait bien faire vivre l’enfant qui s’annonçait… Voilà donc dans ce roman très bien campée l’ambiguïté du héros s’engageant dans le mariage.
Ensuite, bien sûr Lou est déçue : Jean-Paul n’est pas vraiment à la hauteur de son beau-père, et en même temps il échoue à lui offrir la fantaisie promise en restant un artiste inconnu. Lou est une femme qui attend d’un homme qu’il lui ouvre le pays des merveilles. En l’époux, pour elle, il doit forcément y avoir du père capable de tout offrir à sa fille. Le modèle de l’homme est le père assurant à sa fille un rien ne manque, pas même la fantaisie, les merveilles. Cela aurait dû être magique. Et puis non, un homme ce n’est pas ça. Frustration infinie pour Lou. Et sensation d’impuissance pour Jean-Paul. Bien sûr, tandis que le roman avance, se complique, nous sentons que Jean-Paul ne se décide jamais à reconnaître son ambiguïté à lui, peut-être parce qu’il n’est pas question pour lui de renoncer au balisage de sa vie par la vie professionnelle désignée. Il résiste, dénonce, mais en même temps en jouit. Jamais il ne provoquerait de tremblement de terre en choisissant enfin cette autre vie qu’il dit pourtant préférer, cette liberté. En vérité, alors même qu’il accuse Lou de n’être plus qu’une mère depuis que leur fils Jean est né, il la fait jouer le rôle d’une mère pour lui aussi, avec tout ce cadrage de la vie dans lequel elle l’a fait entrer. Jean-Paul ne s’est pas plié avec docilité et obéissance à l’idéal de vie que le mariage lui ouvrait juste pour faire plaisir à Lou sa femme, il l’a fait surtout pour des raisons inconscientes à lui, pour rester enfant lui, pour redevenir le fils tel que l’est Jean son fils. En embuscade, Jean-Paul. Ce roman dessine à merveille les motifs inconscients, oedipiens. Si Lou a réussi à se marier avec son père à travers Jean-Paul devenu à son tour pharmacien, Jean-Paul a tout aussi bien réussi à redevenir l’enfant de sa mère dans le confort assumé par son père à la famille. Le confort familial est une chose très importante dans ce roman. Jean-Paul se met en relief comme un rebelle, un artiste libre, mais il ne le fait que installé dans un cadre qui le met à l’abri. Il n’y a pas de déchirure de ce confort basique. Tout le roman est donc dans un huis-clos peu à peu infernal, et il s’agit bien sûr alors de trouver le coupable.
Désigner le coupable, ici le curé qui a abusé de l’innocence de la jeune Lou, dans la sacristie, après le catéchisme, vise à protéger des secrets plus anciens, à savoir l’éternisation de chacun des partenaires dans le passé. Lou la petite fille de son père. Jean-Paul petit garçon qui n’a pas vraiment à se préoccuper de la structure confortable dans laquelle vivre, autrefois c’était son père qui l’assurait à la famille, désormais c’est le beau-père en lui faisant faire le même métier. C’est l’impasse dans ce mariage car autre chose n’arrive jamais dans leur vie. Les deux sont tellement fidèles au passé que plus rien ne se passe. L’impasse est très bien écrite.
Lou ne veut plus. Alors même que c’est une femme qui aime à la folie être prise en mains. Elle a un corps sur lequel il y a toujours quelqu’un qui peut mettre la main. Elle est toujours à portée de mains, des mains qui lui font quelque chose, des êtres qui lui font quelque chose. Le roman de Penvins nous la montre ainsi. Aussi longtemps qu’elle croit que son mari sera à la hauteur de son père pour lui faire vraiment quelque chose en lui assurant un confort de merveilles, Lou laisse Jean-Paul la toucher, et lui-même se dit parfaitement heureux… alors même qu’il est aux mains du beau-père initiateur au bon rôle. Mais lorsque naît le fils, ce petit être qu’elle a bien en mains, qui remplit sa vie, qui pousse tel qu’elle le désire, elle ne veut plus être touchée par Jean-paul. Jean-Paul, on dirait qu’il n’a été là que pour lui donner ces enfants dont elle sera pour l’éternité pénétrée, occupée, remplie, deux êtres, un garçon puis une fille, dans les mains desquels elle sera, une sorte d’érotisme très très discret dans ce roman. Lou, on la sent dans cet érotisme du corps, cette passion d’être prise, et que cela dure éternellement.
A partir du moment où elle est mère d’un garçon, puis d’une fille, elle n’a plus envie que Jean-Paul la touche. Penvins aborde là une question taboue. Comme si les enfants étaient le super organe du mari, arraché à lui, et travaillant pour l’éternité la mère pénétrée et envahie à jamais. La conclusion du roman est très explicite : sur la table près de son lit de mort, Lou a écrit : « Dites à mes enfants que grâce à eux ma vie a été le plus heureux de tous les romans. »
Dans ce roman qui excelle à démontrer que l’ambiguïté d’un homme perpétue le lit de la folie oedipienne d’une femme, dans une entente au cœur du malentendu le plus extrême, lorsque Lou ne veut plus, ses enfants étant plus satisfaisants qu’un mari résistant pour mieux s’adonner au confort le plus moral, l’autre femme que Jean-Paul trouve est sa belle-sœur, Eléonore, célibataire. La sœur de Lou ! Le roman nous la suggère étant restée dans les parages du couple, en puissance palliative, et le regard sur le même homme que sa sœur… Comme cela, la figure normative, paradigmatique, de Lou n’est jamais mise en question. Eléonore est là, dans l’ombre, prête à continuer dans les pas de sa sœur Lou, aussi bien au lit ou dans les blés auprès du mari de sa sœur qu’auprès des deux enfants. Jamais Eléonore n’est présentée comme une femme ouvrant un horizon radicalement différent. Sans doute pour ne pas déroger au fantasme d’homosexualité féminine… Et Jean-Paul reste dans la famille… Il ne veut envers et contre tout, en envisageant la perspective d’une autre femme que Lou, ne voir qu’une sœur de celle-ci… Cela donne le change en ne changeant rien… Une sœur, en plus, peut comprendre, elle a des intérêts anciens à venir prendre la place de cette autre spéciale, et si elle prend sa place elle s’y identifie férocement donc l’installe d’autant mieux à la place enviable. Eléonore ce sont encore des fleurs, certes ambiguës, lancées à Lou. Jean-Paul change en reprenant la même dans la sœur. Lou est alors l’organe de Jean-Paul pour faire quelque chose à Eléonore…
Tout le roman insiste sur la nécessité que les apparences et la morale bien-pensante soient sauves, alors que la vérité devrait tout faire voler en éclats. Quelle vérité ? Le curé qui a abusé de la petite fille Lou ? Le curé à la figure paternelle, qui a accompli une sorte de viol incestueux, c’est un père lui aussi … ? Le scandale serait donc de taire l’acte du curé, qui a mis la main sur Lou, et ce serait là la cause d’un corps de Lou passionnément, follement, hystériquement voué à aimer se sentir entre les mains de, y compris ensuite les mains innocentes de ses enfants, Lou se tenant pour l’éternité à portée de mains, dans le sillage d’une initiation de laquelle il lui fut impossible de s’échapper, piège infernal ? Même si le prêtre lui a conseillée en confession de revenir accomplir auprès de son mari le devoir conjugal, elle, elle sait bien que les mains de Jean-Paul ne peuvent plus l’atteindre, d’autres mains l’ont interceptée… La vérité ne serait-elle pas aussi du côté de l’ambiguïté de Jean-Paul, qui piège Lou dans une organisation oedipienne et incestueuse ? En n’opposant à Lou qu’Eléonore, qu’une sœur qui jusque-là semblait en attente du point de vue de sa vie amoureuse, Jean-Paul ne délivre jamais Lou par un tremblement de terre, par la déchirure faisant entrevoir une autre sorte de femme. L’histoire de ces deux sœurs liées par le même homme évoque très bien dans ce roman une sorte d’aliénation féminine. Penvins écrit l’impossibilité qu’une femme s’invente une vie non balisée. Et il insiste, sans doute pour démontrer l’impasse, sur la morale, les apparences à sauvegarder.
Lou avait tenté d’empoisonner le curé avec de l’arsenic trouvé dans la pharmacie du père (et mari… ). Elle avait été internée dans un hôpital psychiatrique, et Eléonore sa sœur s’occupe ensuite du mari et des enfants. Penvins insiste : les médecins, imbus de leur savoir, usent de leur discours mais ne peuvent rien pour Lou. Le roman insiste sur l’incurabilité de cette femme. Et si le mari, Jean-Paul, se met en tête de la sortir de là, d’être son sauveur, alors que la guerre a éclaté et que l’hôpital se trouve en territoire occupé, et tandis qu’Eléonore est étrangement d’accord même si sa vie à elle en sera compliquée, cela redouble encore la vérité sur le corps de Lou. Il s’agit toujours que quelqu’un la sauve, mette la main sur elle pour la tirer, et elle docile. Une passion de son corps entre les mains de. Sur des rails, toujours : en famille, avec ce père notable qui assure tout bien, avec le mariage puisque le gendre accepte d’être comme son beau-père, puis entre les mains du curé dès le jeune âge, puis avec la maternité qui est une vraie autoroute, puis avec la médecine psychiatrique après son geste fou de tenter d’assassiner le curé. La métaphore de la tentative d’empoisonnement ne serait-elle pas celle d’une appropriation définitive de l’homme par la femme ? Je t’empoisonne la vie de culpabilité, aussi, et ainsi je suis la grande gagnante. Et en effet, l’ayant vue mourir de ses yeux, Jean-Paul semble à jamais retenu auprès d’elle. Et nous devinons qu’Eléonore prendra le relais de la meilleure façon palliative qu’il soit. Lou est sa tutrice, comme le beau-père était celui de Jean-Paul.
Voilà un roman qui fait fortement penser, lorsqu’on est une femme … ! A lire !
Louise Gailland
le 13 mai 2008
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