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Rendez-vous

Christine Angot, Editions Flammarion, 2006

lundi 4 septembre 2006 par Alice Granger

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Il s’agit d’un vrai rendez-vous, non pas d’un rendez-vous manqué, dans ce roman de Christine Angot. Elle a réussi à aller jusqu’au bout dans l’écriture de ce rendez-vous. Un acteur qu’elle trouvait génial, Eric Estenoza, lui avait donné ce rendez-vous depuis six ans, cela lui arrivait aux oreilles par des personnes différentes, il y a un acteur qui t’adore, qui voudrait te rencontrer, et puis cela met toutes ces années, pour bien mettre la puce à l’oreille, que c’est une histoire unique, pas comme les autres pour elle. Il ne se présente pas comme les autres. Il reste étrangement à distance. Plus tard, il parlera de fascination pour elle, l’écrivain qu’il adore, il parlera d’admiration, mais en même temps il prendra garde à ne pas se précipiter. Elle, pour qui l’écriture compte plus que tout, elle l’admire aussi, cet acteur génial. Lui, il sait que l’histoire qu’elle vit, elle l’écrit, que ce n’est jamais séparé. Que leur rencontre, leur rendez-vous, annoncé tellement à l’avance, elle va l’écrire, alors il semble prendre son temps, pour que ce qu’il désire imprimer s’imprime vraiment dans l’écriture de cette femme. Il n’y a que cette femme, pour ça. A part ça, il ne veut rien.

Pour Christine Angot, les histoires qu’elle vit, et l’écriture, pas de différence. Elle est connue pour ça. Les hommes, ou les femmes, qui s’approchent d’elle vraiment, on imagine qu’ils le font parce qu’ils savent qu’ils seront dans le livre, dans l’écriture, que cela va s’imprimer, qu’il y aura nidation. Dans le sillage de L’inceste, voici le banquier qui commence une histoire avec elle parce qu’elle va rimer avec le père, il a soixante ans, il est très riche, c’est un bourgeois, il a une femme qui a l’air d’une morte et lui laisse sa liberté, il est cultivé, sophistiqué, il peut tout se payer, des putes comme des œuvres d’art, et aussi cette écrivaine, Christine Angot, qui le mettra dans un livre, comme le père il peut mettre la main sur elle, qui est si connue, à lui rien n’est interdit, « le salaud », seul mot qui peut chez elle déclencher la jouissance avec lui. Et son détachement s’écrira par le passage de l’admiration au constat de la vulgarité de ce riche bourgeois. Banquier qui, on peut lui reconnaître ça, va accepter l’écriture de son détrônement...Il y a une belle lettre de lui dans le livre...

Dans ce roman, le contraste est total entre ce banquier qui ne pense qu’à une chose, la prendre, mettre la main sur elle, cette fleur est à lui, elle se laisse faire, elle l’admire, lui le puissant, comme elle admirait son père qui parlait vingt-quatre langues, si brillant, et cet acteur qu’elle admire aussi et qui, lui, à part une nuit, reste étrangement à distance, n’a pas le désir de la toucher, c’est autre chose. Le banquier met en relief l’acteur. Le père incestueux met en relief l’acteur qui préfère, étrangement, que cela reste impossible, et que le rendez-vous se conclut par de l’amitié et qu’il se détache du risque d’engloutissement, d’incorporation. Comme si la virilité, c’était ça. Comme si son seul désir, c’était l’écriture de sa virilité, véritable sujet de ce formidable roman, imprimé par un garçon dans une écriture de fille. La seule nuit qu’ils ont ensemble, il se montre, comme par hasard peu viril, c’est la faute à l’alcool...Ou bien, la virilité c’est autre chose ? C’est ne pas se laisser aspirer à l’intérieur d’une fille, surtout, précisément, quand c’est vraiment une fille, qu’elle s’écrit fille, celle qu’a désiré avoir le père lorsqu’il l’a conçue, que cette écriture aspire dans son mouvement même, dans son avidité même, dans sa demande folle, dans son inquiétante, répétitive, angoissée, demande, insistance, ne cessant de frapper à la porte, d’appeler, presque de harceler le garçon, l’acteur génial de ce rôle de garçon face à une fille. Ce garçon, face à cet intérieur scriptural de fille tellement aspirant, tellement avide, tellement tremblant, sa virilité il ne peut l’écrire qu’en ne se laissant pas faire, qu’en restant à distance, qu’en se mettant en relief ainsi, suscitant l’admiration de cette fille, et tout entier dans ce paradoxe du comédien jouant cette comédie si vivante, si au cœur du rendez-vous entre un garçon et une fille, il reste froid, il ne sent rien, il ne veut rien, il veut juste que s’écrive, à l’intérieur de l’écriture de la fille comme à l’intérieur de son corps lui-même, qu’il n’est pas englouti, qu’il reste à l’extérieur, qu’il est vainqueur de ce risque d’être avalé, incorporé, ce risque de symbiose, de fusion, de retour à l’intérieur d’un ventre maternel, ce risque...d’inceste, précisément.

Il y a quelque chose d’absolu entre eux, un amour unique, elle le sent, elle l’écrit, elle ne peut plus penser à autre chose, elle en est envahie, cela s’est nidé en elle, en son écriture, de manière follement obsédante. En même temps, dans cette écriture, il y a quelque chose de double, en ceci que son texte à elle, cette avidité amoureuse, cette façon de mettre des pensées à chacune de ses phrases, à chacun de ses mots à lui, cette manière de retenir en elle et développer en elle en écriture la plus infime trace de lui, se tisse avec son texte à lui, hétérogène, deux textes qui s’épousent magnifiquement, de même qu’ils finiront par jouer en même temps dans le même théâtre, mais chacun son œuvre.

Elle se fatigue à l’extrême, jusqu’à l’anéantissement, jusqu’à la déprime, jusqu’au désespoir, jusqu’à la perte d’énergie, à l’espérer capturé à l’intérieur de sa vie pour toujours, à l’intérieur de son écriture, à l’intérieur de son corps, à l’intérieur de son lit, de ses draps. Elle se fatigue, elle se fatigue, et lui, de plus en plus, il échappe à cette capture tout en étant sûr que c’est bien là, ce qui désire le garder à ce point à l’intérieur, c’est cette écriture qui fait un avec ce corps de femme. Il ne pourrait pas jouer cette victoire virile, cet échappement au risque d’aspiration dans un intérieur féminin, risque incestueux par excellence, que tout soit maîtrisé par une femme, sans cette écriture-là, sans cette femme, Christine Angot, qui est si brillante sur ce terrain-là. Elle-même, n’a-t-elle pas tant désiré échapper à sa mère, à cette symbiose avec elle ? Sans doute désire-t-elle garder à l’intérieur de sa vie cet acteur, comme sa mère n’avait pu garder dans leur vie à toutes deux ce père si brillant, alors que sa mère ne parlait qu’une langue. Nous imaginons que cela doit être lancinant, fatigant aussi, envahissant, idée fixe, ce désir de Christine Angot de garder, enfin, à l’intérieur de sa vie, mais de garder, précisément, un homme qui ne veut pas y entrer. Le problème, avec son père, avec sa mère, puis avec elle, c’est qu’il entrait, dans leur vie, celle de sa mère, et la sienne, comme si c’était chez lui, comme s’il était sûr de pouvoir en sortir comme il voulait, et revenir, et repartir, sans jamais craindre de ne pas pouvoir en sortir tellement, en réalité, il devait se sentir supérieur à cette femme, la mère, sans jamais vraiment se nider. Avec Eric, l’acteur, c’est le contraire. Christine Angot est une écrivaine reconnue, il l’admire, il a saisi au quart de tour quel est son talent, quel don elle a, sur quel registre elle joue, alors elle est fascinante, elle est une chair scripturale dangereuse comme une matrice qui ne laisserait plus sortir d’elle-même, et sur cette base du risque extrême, l’acteur Estenoza peut véritablement jouer sa pièce dont le sujet est la virilité, sujet vital pour un garçon, pour ne plus se laisser imbiber, castrer, comme justement lui se laisse imbiber d’alcool jusqu’à l’impuissance. Est-ce possible de se séparer (la séparation d’avec sa femme qui se joue en même temps que la rencontre avec Christine Angot) pour personne, demande-t-il. Se sépare-t-il de sa femme pour personne, ou pour Christine Angot ? C’est curieux comme, dans l’écriture incroyable de ce roman, qui semble d’abord si obsédant, si répétitif, la séparation finit pas s’écrire tout autrement ! Séparation d’un garçon d’avec l’intérieur d’une fille, écrivant et imprimant la séparation originaire, cette fille-là qui ne fait qu’un avec son écriture incarnant littéralement, littérairement, l’intérieur matriciel duquel le garçon, s’il veut vraiment vivre, devenir viril, être aux commandes de sa vie, doit se détacher, et il doit vraiment l’inscrire, que ce soit sûr ! Alors même que là-dedans, qui est un « dedans » la vie d’une fille, ça n’arrête pas d’espérer qu’il viendra s’y nider pour toujours, et que cela rime, ce désir fou, fatigant, épuisant, avec le désir fou d’une mère de garder en elle son garçon. Ou sa fille...

Qu’ils aient pu écrire ça, à deux, le jouer jusqu’au bout, jusqu’à l’affirmation de cette virilité d’une part, et d’autre part cette matrice scripturale avide de son contenant garçon, c’est génial, et est la preuve d’un vrai rendez-vous.

« Non, Christine, moi je vais avec les autres, là. Je ne veux rien. Mais tu peux venir. »

« Je ne savais pas comment j’allais me récupérer. J’entrais dans la voiture. C’était comme si j’avais été barrée. Barrée, biffée, comme si j’avais reçu un grand coup de pied, et qu’il fallait quand même après garder sa dignité. Comme si il n’y avait jamais rien eu entre nous, rien que ‘je ne veux rien’. Comme si j’étais juste quelqu’un qui signait des livres et qui n’existait pas. » « Barre-toi ». Cette avidité matricielle, scripturale, garder à l’intérieur, garder, garder, qu’il ne s’en aille plus jamais, plus jamais comme ce père dont il fallait dire qu’il était mort, ne doit-elle pas, finalement, s’écrire comme barrée ? Risque majeur de perdre sa virilité, d’être englouti dans tant de puissance fascinante. « Je l’enviais parfois. Il avait de la chance lui de pouvoir se défendre contre moi. Moi, écrire m’en empêchait, et l’analyse aussi. » La matière et la chair de cette écriture est si...incestueuse, il s’agit tellement d’arriver à retenir dedans, on dirait, et ceci ne cessant d’entrer en résonance avec celui que mère et fille n’avaient pas pu garder en leur chez elle. Alors, la chair de cette écriture ne cesse-t-elle pas, entre la fatigue et l’angoisse, d’espérer le sentir en elle, retenu, celui-là ? non pas celui-là, celui-là alors, non pas celui-là, et celui-là ? Mais là, avec cet acteur, en négatif, cette chair a vraiment senti celui qui, en puissance, s’est senti enfermé là, retenu, quelque chose de follement fascinant, d’éminemment connu, et refoulé de toutes ses forces.

« Dommage qu’il y avait moi, parce que mes livres c’était bien, ç’aurait été bien mes livres s’il n’y avait pas eu moi en plus, en trop, voilà ce que je ressentais. Cela me faisait beaucoup souffrir, je me sentais anéantie. » Ce « moi, en plus » : très intéressant. Moi, une fille ? Parce que, cet intérieur écriture chair, c’est plutôt côté mère, matrice, ventre qui veut garder, non ? Et là, soudain, voici une fille qui se rebiffe. Et moi, alors ?

Thème de la défloration, aussi. Il n’y avait plus seulement son père qu’elle admirait. Voici qu’elle admirait le banquier. Un autre que son père. Déflorée ? Elle n’est plus la fleur de son père ? Elle n’est plus capturée par lui ? Quelqu’un d’autre, ressemblant quand même à son père, brillant comme lui, peut susciter son admiration ? Maintenant, elle est une écrivaine connue, ce qu’elle a écrit, à propos de son père, a pour effet d’attirer sur elle le désir du banquier, alors, cette fleur qu’elle est, que le banquier, avec tous ses moyens, peut s’offrir, une fleur géniale, unique, elle en reprend possession, elle sait qu’elle peut en jouer, alors elle s’en sèvre, elle ne sera plus accroc. La défloration est une récupération de fleur, de virginité. La reconnaissance comme écrivaine lui a redonné une fleur crue être en possession du père, capturée par lui. Elle est aussi forte que ce père, Angot. Aussi brillante. Nom du père. Notoriété. Elle est invitée, du beau monde on imagine. Elle force elle aussi l’admiration. Le banquier veut la rencontrer. L’acteur génial veut la rencontrer. Elle est devenue, par l’écriture en train de s’écrire, un intérieur admirable dans lequel venir. Le banquier vient et repart selon son bon plaisir, il n’y est pas vraiment entré, en vérité, il lui laisse sa fleur, sa virginité. Ce type, le banquier, que rien ne prend au dépourvu, est en fait distant avec tout le monde, il n’entre dans rien, tandis qu’il peut tout se payer, « Ses manières m’angoissaient. Mais je n’oubliais pas que la défloration s’était faite avec lui. Je n’aurais jamais rêvé de mon appartement couvert de pétales de fleurs sans lui. » Tandis qu’Estenoza, si, lui, il s’y est risqué, à l’intérieur de cette écriture, dans ce texte écrit pour eux et qu’ils ont joué ensemble sur scène à Toulouse, d’une certaine manière il y a reconnu le tissage de la chair d’où garçon il vient, et alors a pu commencer le processus, scriptural aussi, de détricotage des deux chairs imbriquées, de lent et sûr décollement, dans la douleur si bien écrite par Angot de la séparation. Garçon et fille bien séparés parce que garçon bien séparé de la chair d’où il vient, et parce que fille bien séparée elle aussi de la chair maternelle qui avait si follement et une éternité rêvé de retenir.

Roman, donc, sur la différence sexuelle. Histoire d’amour unique, oui. Dans laquelle elle joue tout d’un coup. Les deux chairs se décollent. Le portable est fermé. Mais les messages. « Ma confiance pourtant ne reculait pas. ». Jalouse. Possessive. Mais, on dirait, finissant par se surprendre à le laisser aller. A le voir dehors. Séparé. Avec cette virilité. Cette beauté. « Je ne veux rien ». Et moi, fille, je ne peux pas. Je n’ai pas le pouvoir de le garder dedans. Je m’admets fille. Pas mère, mais fille. Une superbe histoire d’amour. Elle imagine qu’ils sont enfin ensemble entre les draps, les lèvres tremblantes qui se cherchent, mais non, ça c’est en puissance, oui, mais reste, imprimée, la séparation. Elle le laisse partir dans la vie. L’amour. Ce garçon. Bravo la fille.

Alice Granger Guitard



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Messages

  • J’ai lu avec intérêt le décryptage méticuleux et fin que vous faites de Rendez-vous, décryptage qui semble suivre la piste psychanalytique balisée par l’auteur. Peu après, j’ai suivi un émission télévisée (Le Bateau livres sur France5) où Christine Angot parlait de son livre. J’ai découvert une apparence anguleuse, sans apprêt, la sophistication étant visiblement réservée à cette exigence constamment répétée d’imbriquer le vécu de l’expérience amoureuse et sa relation écrite de façon à rendre compréhensible ladite expérience.

    Il ne m’appartient pas de juger de la sincérité d’une telle démarche mais j’avoue que son efficacité -voire sa possibilité- me laisse dubitative. Chez Freud instinct et langage analytique ne se juxtaposent pas, le deuxième intervenant bien après le premier pour dénoncer ses camouflages. Je pense irrésistiblement au tableau de Magritte Ceci n’est pas un pipe : la représentation d’une chose n’est pas la chose. Donc en prétendant faire et écrire l’amour presque d’un seul jet, on risque de produire une mixture où se perdent le goùt de l’amour et la valeur de l’écriture au seul profit d’un voyeurisme exacerbé.

    Qu’en pensez-vous ?

    A vous bien cordialement.

    • Bonjour !
      Vous avez raison sur le côté anguleux de Christine Angot, comme devant toujours se défendre des attaques...
      L’écriture ne lui permet-elle pas d’exploiter et réitérer à l’infini l’aventure avec le père, le fait qu’il n’ait pas pu se passer d’elle, revenant vers elle, depuis qu’elle a découvert qu’elle a pu se faire, littéralement, un nom, Angot, le nom du père justement, sur la base de la relation incestueuse ? Et ça, pour rien au monde elle ne veut y renoncer, non seulement parce que nous imaginons que c’est son fond de commerce lui donnant les moyens d’entrer dans une société des gens connus faisant écho à la société bourgeoise de son père, mais aussi parce qu’elle jouit d’attirer à elle, à la suite de son père, d’autres hommes, attirés parce qu’ils savent qu’eux aussi, comme le père dans "L’inceste", courront le risque d’être dans le livre. Alors, lorsqu’elle apparaît dans des rencontres littéraires, elle semble défendre bec et ongles ce qui fonctionne si bien, et aussi pour ne pas retomber dans une vie immobile comme celle de la mère. La hantise d’être comme sa mère suscite aussi l’angoisse dont elle parle souvent dans ses livres, qui la fait de manière obsessionnelle aller sur la brêche, titiller, attendre, fatiguée et fatiguante, répétitive, plaintive, pleureuse, gémissante, jamais sûre que l’écriture lui ramènera encore quelqu’un qui soit à la fois à la heuteur du père admiré et autre.

    • Merci de m’avoir répondu.

      Ce que vous me dites éclaire bien ma lanterne en ce qui concerne les raisons subjectives de la démarche -et amoureuse et littéraire- de Christine Angot mais ne la valide pas, esthétiquement parlant.On ne peut ni bourrer, ni fumer la pipe peinte par Magritte. Le livre intitulé Rendez-vous reste la représentation de ce projet érotico-littéraire et non son effectuation.

      Il nous faut en rester là car ce débat déborde la littérature. Nombre d’artistes aujourd’hui cherchent à faire de leur corps la matière et l’agent de l’acte de peindre.C’est sans doute que nous vivons dans un monde d’images, si bien qu’art et littérature expriment la nécessité de mettre à l’épreuve le rapport du réel et de ses représentations.

      Bonnes lectures, pour votre plaisir et pour le nôtre !

  • J’aime bien Angot. Surtout parce que je ne sais pas pourquoi. C’est cela le style, la grâce : cela résiste à l’analyse ... (entendu cela sur France Inter l’autre jour, je me l’approprie). Du coup, je peux acheter ce livre, même après avoir lu une critique, car rien n’est défloré.

    Entendu aussi Angot défendant son bouquin sur France Info et parlant
    d’ « Une vérité » universelle ? qu’elle rechercherait par opposition "aux vérités" relatives, multiples défendues par la culture médiatique dominante. Bon, en fait, je m’en fou un peu de cette idée, mais lorsque Christine parle, elle parait tellement plus libre, tellement loin du discours automatique du journaliste, que c’est toujours un plaisir pour moi. Elle pense quand elle parle et elle cherche quand elle écrit, cela parait banal, mais cela l’est tellement peu qu’on peut lui pardonner toutes les "conneries" qu’elle trouve ou qu’elle croit trouver, tellement la démarche est sincère, "vraie" ? belle.

    Maintenant le résultat c’est aussi une envie pour moi de posséder depuis le début cette femme comme l’acteur ou/et comme le banquier. Un désir comme le vertige aspirant dont elle serait le vortex. (là, j’ai fait un effort). La rejoindre dans cette quête ou les êtres cherchent à se toucher vraiment.

    Je vais aller acheter ce livre et je serais peu être déçu mais cela n’a bizarrement pas beaucoup d’importance et je plains ceux qui ne peuvent comprendre cela.

    Maintenant à la lecture de votre article, il me vient cette réflexion, le thème du livre, dans cette recherche de la vérité aboutit à une impasse connue ou à un infini, celle d’une mise en abîme, le lecteur qui lit le livre ou le précédent lecteur a été invité par l’auteur et ainsi de suite.

  • Acheté et lu : j’ai hésité entre elle et Murakami. Murakami, c’est cool, agréable, un beatnik bridé, mélange d’Yves Simon et de .../ stop, c’est pas le sujet.

    Angot, c’est exigeant, alors j’hésite toujours un peu avant d’attaquer la lecture. Et là, très fatiguant jusqu’au ¾ du livre. Angot est amoureuse, ou elle s’imagine l’être et c’est bien connu, l’amour rend bête (je ne crois pas à cela plus qu’à autre chose mais c’est pratique pour la démo), alors fini le style flamboyant ou cinq sens et cinq histoires se chevauchaient dans la même page avec une clarté parfaite, on tombe dans le ressassement amoureux à la Stendhal (c’est elle qui le dit) , n’empêche que, n’empêche, que passé la page ... je commence à m’accrocher, Christine n’est plus amoureuse, alors elle redevient intelligente, spirituelle, drôle et disponible pour ses lecteurs et je termine presque en manque, avec les trois derniers mots ; teasing pour un prochain épisode : « tout est faux ».

    Pour une critique plus approfondie du bouquin, il faut le ...lire, car tout y est . Christine écrit une phrase, la relit, la critique, dans la forme, le style et le fond avec juste une légère avance sur vos propres pensées pour qu’à la fois vous acquiesciez et que vous la trouviez brillante. C’est un procédé qu’elle utilise souvent pour mettre les critiques au chômage, la vilaine.

    Maintenant, en vrac, quelques critiques et réflexion oubliées par la miss :

    L’auteur, elle, ressasse religieusement pendant des pages, des bouts de phrases émis par son amoureux mais quid du contenu des heures de discussion passé avec le même ? Autre piste, à relire, en se disant que c’est un homme qui écrit. Enfin Angot s’approche du roman parfait, il n’y a presque rien dans ce roman, et tout n’aurait, ne pourrait être que pur fantasme, pure douleur, pur style.

    Philippe de Grenoble

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