dimanche 2 avril 2006 par Françoise Urban-Menninger
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Invitée en tant que poète par le lycée St Joseph d’Izmir dans le cadre de la semaine de la francophonie, j’ai été l’hôte privilégiée d’un peuple chaleureux et accueillant qui apprécie la culture et la langue françaises.
Izmir est la première ville du Proche-Orient qui a eu l’avantage de posséder des écoles dirigées par les disciples de J.B de La Salle. Voilà l’origine des écoles françaises d’Izmir et plus particulièrement celle du lycée St Joseph où les jeunes Turcs se voient dispenser 80% des cours en français. C’est dire l’intérêt de ces écoles pour la semaine de la francophonie dont le programme très riche de St Joseph a été élaboré par le chef d’établissement français Elisabeth Maire et son équipe pédagogique. Saime Bircan, poète et ancienne responsable turque de l’établissement a été à l’origine de ma venue en Turquie. C’est elle qui a traduit une vingtaine de mes poèmes en turc, ils ont été par ailleurs magnifiquement illustrés par le photographe Michel Maire dans l’exposition « Les mots bleus » présentée dans le CDI du lycée. Divers ateliers d’écriture que j’ai animés ont permis aux élèves de s’exprimer sur les thèmes de la couleur, d’investir poétiquement les objets du quotidien, d’élaborer un texte à partir d’un titre ou de quelques mots...De nombreuses manifestations en lien avec le centre culturel français d’Izmir ont émaillé la semaine tel le concours littéraire « Le mot d’or ». Ce même centre proposait une soirée café-poésie très réussie dans le cadre du Printemps des Poètes sur le thème « Le chant des villes ».
A St Joseph, récital, dictée, conférences, films français trouvèrent leur apogée dans un gala de clôture « Le Moulin Rouge » où les chansons françaises et un french cancan dignes des plus grands cabarets parisiens firent les délices d’une assemblée conquise.
Dans le même temps, la mairie de Konak à Izmir organisait un festival international de poésie auquel j’étais également conviée. Durant quatre jours, les poètes espagnols Claudio Serra Brun et Maria Cinta Montagut, le Roumain Florin Iaru, le Belge Raoul Maria De Puydt, les nombreux poètes turcs Yusuf Deniz, Ogün Kaymak et bien d’autres nationalités remplirent à chaque lecture une salle de plus de cinq cents personnes !
Izmir se veut la capitale de la poésie, elle est en passe de réussir son pari. Le réel engouement des Turcs pour ce genre littéraire a instauré pendant quelques jours un véritable état de grâce où les amoureux de la poésie allaient d’un récital à l’autre, écoutant, lisant, chantant, portés par la musique des mots.
Le moment le plus émouvant de cette semaine fut sans conteste la lecture passionnée de la déclaration pour la journée mondiale de la poésie par le très vieux poète turc Arif Damar. Sous forme d’un poème scandé, il affirma que « La poésie est plus puissante, plus intimidante que n’importe qui et que quiconque », que « La poésie n ‘a pas de maître, qu’elle est plus puissante que le pouvoir, plus belle que la beauté »... »et pour finir que « La poésie est libre, elle est la liberté »...
Ce long poème est d’ores et déjà un prélude au prochain festival de poésie qui ne manquera pas de faire battre le cœur de cette ville qui ne fut autre que l’ancienne Smyrne et la patrie d’Homère.
Françoise Urban-Menninger
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