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La Musique éveille le temps - Daniel Baremboim (Fayard 2010)
jeudi 13 janvier 2011 par Yveline Ciazynski

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La musique éveille le temps

La musique éveille le temps....

comment traduire le mot éveiller à une oreille étrangère?

me vient à l’esprit l’image de la levure qui gonfle la pâte

et la fait se lever, la mettre dans le temps de la marche.

 

Alors dois-je dire que la musique c’est la levure de la vie

ce qui l’élève?

est-ce ceci le testament spirituel de Daniel Baremboïm?

 

Se lever...s’élever?

 

S’élever contre, dans le silence qui précède le contre sujet

le contrepoint

 

L’art du contrepoint...«la musique est toujours contrapunctique au sens philosophique de  terme»...il y a toujours des éléments opposants qui coexistent, parfois même en conflit l’un avec l’autre»

 

La musique éveille  le temps, je l’entends comme une éthique de la musique, et ce n’est pas rien que Baremboim repense au livre de chevet de son adolecence: l’éthique de Spinoza .

 

Ainsi, On (ni je ni nous, mais un au-delà de notre perception-conscience)  doit à travers les situations humaines» impossibles», celles où il ne nous apparaît pas pouvoir transiger, le désastre humain israélo-arabe, l’impensable écoute de Wagner pour les survivants de la Shoah, et à un autre degré l’attitude de passivité de Furtwangler, nous devons advenir à  une métaphysique  de la rencontre avec l’autre.

Une méta-physique en reprenant l’étymologie simple donnée par Baremboim:» au de là de ce qui est physique». en reprenant Spinoza, passer de l’observation (connaissance empirique) à une compréhension de l’essence.

 

Cette position existentielle  est une question majeure que j’étais venue à mettre en acte dans le dialogue pédagogique , la relation d’Apprentissage. Car c’est bien par le développement d’un contrepoint que l’élève et le maître peuvent s’écouter chacun dans une voix différente.

 

Reste le point de capiton [1]du livre:

 

«bien que la musique en tant qu’art ne puisse transiger sur ses principes, et que la politique (j’ajoute la relation d’Apprentissage) soit l’art du compromis.....la musique est un art libre de  toutes les limites imposées par les mots, un art qui touche au fond de l’existence humaine, un art des Sons qui franchit toutes les frontières.».

 

Ainsi la métaphore des conflits politiques,  sur lequel se construit cette vision philosophique du contrepoint doit pouvoir être étendue  à d’autres conflits (moins tragiques), mais néanmoins attristant des différentes écoles, des différentes approches musicales qui chacune pense détenir le pouvoir de représenter l’âme du piano.

La vision d’un piano comme «instrument à percussion» Baremboim, devient le point d’opposition à une autre filiation issue de l’école de Scaramuzza...qui voit une autre» identité», physique de l’instrument où le son n’est pas percussif mais rebondissant dans l’espace-temps, dans l’entre-deux.

 

L’élève-pianiste, comme les descendants de ceux qui furent confrontés à l’impensable, se trouve sommé de reprendre à son compte la position existentielle du maître , en rejetant comme le lieu de la perte toute idée de convergence de voies distinctes.

un «je sais bien mais  quand même»....

 Le syncrétisme qui mélange l’ensemble des approches, n’est pas l’exigeante pensée complexe qui permet à la créativité en acceptant la coexistence d’éléments qui s’opposent, et dont la  somme est supérieure, à une simple pensée de l’unité et du multiple.

 

Pour continuer l’oeuvre de réflexion de Baremboim, garder en mouvement cette question ouverte, en reprendre le flambeau, dans l’approche pédagogique, je dois maintenant réfléchir à cette Idée, Idée différente de l’idéologie, mais qui peut y sombrer, de l’UNITE de l’être telle qu’elle nous est enseignée dans l’hindouisme.

Que la musique soit ce qui dépasse les frontières , un art qui touche au fond de l’existence humaine, et permette ainsi aux êtres de se retrouver dans une identité musicale primordiale , antérieure à l’identification au père sur lequel Freud avait bati tout son édifice conceptuel, doit être entendu «musicalement», c’est à dire l’art du contrepoint, et non comme le lieu d’une Sagesse qui s’inscrit dans une cadence conclusive parfaite à toute réflexion.

 

Le message musical de Baremboim est je crois tout autre: P.124: un ensemble d’un opéra... n’est jamais présenté exclusivement comme une simple  UNITE faites du nombre de voix qu’il comporte....même au moment où elles sont toutes unies, lorsqu’elles se retrouvent sur un accord unique, il faut pouvoir entendre toutes les voix differentes.» j’ajouterai toutes les voies.

 

 


[1] Terme introduit par Lacan lors du séminaire du 6 juin 1956

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