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Osmose - Yann Queffelec
par Alice Granger

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Editions Robert Laffont.


Dans ce roman-polar de Yann Queffélec, la nostalgie des lointains d'avant la naissance traverse tout le texte, ce temps archaïque de l'osmose. Elle se retrouve dans le désir d'enfant de Nelly, dans la stérilité de Marc qui repousse tout intrus de son osmose amoureuse avec Nelly, dans la relation symbiotique de Pierre avec sa mère éliminant Marc le père officiel, dans le meurtre de Nelly par Marc stigmatisant à jamais dans l'en deçà le lieu de l'osmose amoureuse, dans la relation père-fils flottant dans le non-dit du meurtre, dans la complicité tacite du fils avec son père à propos du meurtre de la mère qui les enferme ensemble dans l'enveloppe presque matricielle du secret, dans l'exil du fils meurtrier de son père dans l'îlot appelé Désertas qui est un pénitencier pour enfants devant payer leur dette à la société, dans la métaphore du bateau emmenant Nelly et Marc, dans le barrage en bas du ravin où disparaît Nelly.
Le double meurtre, celui de la mère par son amant Marc qui n'en peut plus de ne pas pouvoir la rejoindre, celui du père officiel par son fils Pierre, semble dans ce roman à la fois mettre en relief la séparation originaire, et aussi le fou projet d'aller explorer cet en deçà par le prix à payer à la société pour le meurtre.
Dans l'îlot de Désertas, Pierre est sans doute revenu dans l'enveloppe matricielle, mais il y rencontre le danger de mort représenté par le chef de Bande Gun, qui ne le laissera tranquille et vivant que s'il réussit à raconter l'histoire qui l'a amené là.
Comment payer cette fameuse dette à la société ? En faisant le deuil de cet ailleurs d'avant, de cet état d'osmose ? En admettant que c'est un désert ? En s'en séparant par le récit de l'histoire d'une fixation usant l'âme ? La mère est déjà cette enveloppe matricielle qui disparaît dans le ravin au-dessus du barrage de la centrale nucléaire, elle reste comme un lambeau représenté par sa musette accrochée à la branche d'un arbre et dans laquelle elle mettait son nouveau-né pour les promenades.
En somme, cette nostalgie pour des ailleurs explorés par cette fantaisie romanesque est quelque chose qui ne peut plus durer. Qui tombe comme la mère dans le ravin. Ce roman livre donc aussi quelque chose qui est de l'ordre de la naissance, catastrophique comme un meurtre, ce meurtre qui s'approche dangereusement de Pierre dans l'îlot pénitencier. La culpabilité se résoud dans la chute de la séparation originaire. Dans l'admission que c'est impossible, que c'est irrémédiablement ailleurs, en abandonnant cette fantaisie imaginaire aux mains de la bande de Gun comme il abandonnerait les enveloppes placentaires. Payer en leur abandonnant cette histoire.
Roman intéressant en ce sens qu'il livre quelque chose d'absolument singulier, où s'entendent des bribes d'inconscient.

Alice Granger 

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