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Vertiges d’Alain Fabre-Catalan

Paru aux Editions Les Lieux-Dits dans la collection "Cahiers du Loup bleu" avec un dessin de Cyril Barrand

mardi 8 octobre 2013 par Françoise Urban-Menninger

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Sans commencement ni fin, le poème traverse ce recueil tel un souffle d’air comme il traverse dans le même mouvement son auteur car Alain Fabre-Catalan nous le confie :"Ce qui demeure ici, c’est l’éclat de l’enfance qui ne s’éteint pas".

Et le poète de toujours revenir vers cette "source d’hébétude" qui sourd dans le "lent ravinement de la parole". La force de cette écriture tient tout entière dans cette quête toujours inachevée de "la voix muette qui s’obstine/ et parle ..." sous la voix même de son auteur. Et c’est bien "dans le gisement du silence" qu’Alain Fabre-Catalan puise ce qu’il nomme ses "paroles renversées" et qui sont autant de fragments de lumière arrachés à la fuite inexorable du temps qui nous fait et nous défait.

Car "à travers chaque mot de la phrase qui chute", on devine que "le soir qui déborde vers l’autre rive" désigne la mort qui accompagne le poète au-delà même des mots. La mort danse dans la chair des mots, elle s’invite au coeur de l’écrit jusqu’à devenir "le versant de la phrase qui se porte au-devant du poème".

Paradoxalement, c’est l’appréhension de la mort, de cet "ailleurs" comme Alain Fabre-Catalan se plaît à l’appeler, qui donne corps à ce recueil dans une pleine lumière qui irradie l’âme jusqu’au vertige !

Chaque titre de ces poèmes en prose :"Débâcle", "Douleur", "Egarement, "Soif", "Ignorance" relèvent d’un manque ou d’une absence qui nous amènent à ressentir ces "vertiges" qui nous font chanceler au bord de l’abîme.

Nul doute que pour Alain Fabre-Catalan, la parole poétique naît de ce vertige où vie et mort confinent dans une langue qui nous vient de très loin... Il nous en restitue avec grâce "la pointe de l’instant" dans une écriture sobre et élégante tout à la fois pour nous inviter à explorer avec lui "la chambre claire du poème". Nous poussons alors "la porte de l’éphémère" pour approcher cette intuition essentielle dont parle Yves Bonnefoy et qui n’est autre que "la mémoire du je originel sous le moi construit". Et c’est bien en cela que la poésie d’Alain Fabre-Catalan nous tient dans un vertige, celui de réunir nos "je" multiples dans la perception lumineuse d’une entité qui signe notre appartenance au monde et se désagrège dans un temps immobile.

Mais quelle que soit notre fin annoncée, l’écriture est "l’éclaircie dans l’étendue, / le décrochement vers la lumière, / à perte de vue", l’écriture est bien ce vertige qui nous fait tenir debout sur la tige des mots et nous fait "Naître et mourir dans le frisson des feuilles" où le réel n’est plus que le reflet de l’imaginé.

Françoise Urban-Menninger

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