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Le chemin à parcourir est encore long - Nassima Terfaya
vendredi 4 décembre 2020 par Abdelali Najah

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Nassima Terfaya : Le chemin à parcourir est encore long.

Nassima Terfaya est une écrivaine algérienne qui façonne son chemin littérature avec rigueur et abnégation dans le champ culturel au Maghreb. Elle choisit de dévoiler la situation de la femme dans la société algérienne en particulier et dans le Maghreb en général, une situation sociale marquée par l’inégalité entre les deux sexes dans les différents domaines de la société, à commencer par l’instruction comme pilier fondamental de la société démocratique et moderne.
Dans cet entretien, Nassima Terfaya nous raconte son itinéraire culturel comme femme écrivaine dans une société traditionnelle, ainsi que des questions majeures sur la condition de la femme par le biais de ses romans.
Propos recueillis par Abdelali Najah

Nassima Terfaya en quelques lignes :
Nassima Terfaya est une femme algérienne qui a fait des études si difficilement acquises. Issue d’une famille conservatrice dans laquelle la scolarisation des filles était mal vue. Cependant, elle a réussi haut la main ses études supérieures à l’université d’Annaba et a obtenu son Ingéniorat en Génie Chimique. Ensuite, quelques années plus tard, elle a poursuivi ses études supérieures en France couronnées par l’obtention d’un ingéniorat dans le domaine de la Qualité, Sécurité, Environnement à l’Université Sorbonne Paris Nord. Ses formations académiques et son don pour l’écriture vont révéler une écrivaine qui a porté haut la voix féminine sans être vraiment féministe. Elle a publié plusieurs livres en management de la qualité, en marketing, en histoire et en littérature. Ses livres sont référencés dans de grandes bibliothèques internationales dans les divers domaines cités.

Ingénieur d’État en génie chimique, comment Nassima Terfaya est entrée dans le monde de la littérature ?
Nassima Terfaya est entrée dans le domaine de la littérature par dévouement à sa défunte mère. Elle a écrit un roman pour honorer sa mémoire, un roman qui parle des sacrifices d’une mère analphabète pour que sa fille puisse avoir une instruction. Un roman écrit à l’âge de 23 ans lors des vacances universitaires et n’a pas pu être édité que onze ans plus tard par une grande maison d’édition algérienne en 2002.
J’aurais pu écrire en arabe, car j’adorais ma langue maternelle. Mais étant francophone durant toute ma vie scolaire et universitaire, je pouvais maîtriser la langue française avec aisance, puisant ainsi dans un riche patrimoine culturel français. De par ma formation en technologie, je suis écrivaine autodidacte en littérature.

Votre premier roman « Frisa, le défi » paru en 2002 raconte la lutte de la femme algérienne contre la société traditionnelle. Pouvez-vous nous éclairer davantage ?
En tant que femme, Nassima Terfaya devait depuis son jeune âge affirmer clairement son existence comme être humain, et juste montrer que la nature voulait qu’elle soit une fille et non pas un garçon. La faute à qui ? Une société stéréotypée où naître une fille était presque un handicap. La faute à qui ? Une société qui a reçu comme héritage une vision rétrograde de la situation inférieure de femme il y a plusieurs années de cela. Mais, les choses ont changé par le biais des combats de différentes générations de femmes. Ceci étant dit, le chemin est encore long, mais l’espoir existe tant que des voix de femmes s’élèvent pour faire évoluer les mentalités et inculquer une éducation égalitaire dans le respect des deux sexes. Car dieu nous a créés tous égaux.
« Frisa, le défi » paru en 2002 fut édité deux fois à 1000 exemplaires. Fort de son succès, les lecteurs étaient avides d’une suite du roman. Une fois arrivé en France, j’ai réédité le roman en 2011 et je n’ai écrit la suite qu’en 2014. En 2019, j’ai compilé les deux tomes pour en faire un seul roman intitulé : « L’Accomplissement », relatant la vie d’une jeune femme qui se bat dès son jeune âge pour avoir une scolarité avec laquelle elle va accéder à une vie digne. Le combat est social, relationnel, culturel et humain mais qui aboutit dans l’âge adulte à l’accomplissement de son être en ayant une vie éprouvante et riche sur tous les plans.
Le roman est basé sur beaucoup de faits réels tirés du vécu de l’auteure, mais ce n’est pas un roman biographique.

Comment l’écrivain algérien d’aujourd’hui peut-il devancer la première génération d’écrivains algériens d’expression française ?
En étant jeune, j’ai été subjuguée par des grands auteurs algériens comme Mohammed Dit (1920–2003), Mouloud Feraoun (1913–1962), Kateb Yacine (1929-1989), Malek Haddad (1927-1978) et d’autres ; des icônes de la littérature francophone algérienne et des auteurs inégalables que j’ai appris à les lire et à les aimer. Assia Djebar (1 936 – 2015) est une des écrivaines qui m’a appris beaucoup de choses. J’ai lu tous ses livres, elle a le même âge que ma mère. Vu l’arabisation instaurée dans toutes les institutions algériennes depuis plusieurs décennies, je pense que les auteurs algériens francophones d’aujourd’hui ne peuvent pas devancer facilement les grands auteurs algériens de la première génération cités en exemple plus haut.

Que représente la littérature pour vous ?
La littérature me permet de m’exprimer par le mot, il était et restera mon cheval de bataille, car j’ai pu m’affirmer et parler haut et fort de la condition de la femme qui me tenait à cœur. Sans ce moyen, à savoir l’écriture, je serrai comme prisonnière de mes pensées, muette et aveugle sur la condition de la femme en Algérie et également au Maghreb.
La littérature me permet de m’exprimer par le verbe, j’ai été invité pour en parler dans des conférences et débats par des libraires lors de la réédition du premier roman en France en 2014. Dernièrement, j’ai été invité par l’association AZMARI le 24 décembre 2019 à Paris lors de la sortie de mon dernier roman pour donner une conférence sur « La condition de la femme au Maghreb », une condition qui est néanmoins presque semblable dans les trois pays avec quelques différences chiffrées. Un débat très animé par les femmes présentes a suivi la conférence, signe de conscience et d’implication de nos femmes sur leurs conditions actuelles.

Votre dernier mot…
Le chemin à parcourir est encore long et on doit continuer à croire à nos principes et valeurs. J’ai fait en sorte avec toute modestie de contribuer à l’édifice et que ma vie soit utile et constructive pour nos sociétés et pour l’avenir de nos générations futures dans le but d’instaurer un équilibre que je qualifie d’Humain entre les femmes et les hommes, ces deux piliers fondamentaux de nos sociétés. Le travail continue sur cette évolution… et ce n’est pas fini.

Biographie :
Nassima Terfaya, Ingénieur d’État en génie chimique, diplômée de l’université de Annaba en Algérie, a occupé la fonction de chargée d’études à la Direction Régionale du Commerce de Annaba, la ville dans laquelle elle a résidé et a grandi. Les stages et formations effectués à l’étranger et ses recherches dans son domaine du contrôle de la qualité lui ont permis de persévérer dans sa fonction et de faire partager ses connaissances avec ses pairs en tant que formatrice et experte avant de poursuivre des études en France à partir de l’année 2006. Passionnée du domaine de la qualité, elle poursuit ses études et obtient un Master en Maintenance Qualité Sécurité Environnement à l’Université Sorbonne Paris Nord en 2016, à l’âge de 51 ans. La connaissance et l’amélioration de soi n’ont pas d’âge pour elle. La littérature fut sa compagne dès son jeune âge, elle s’imprégna des grands auteurs classiques de la littérature française qui lui donnaient envie d’écrire en commençant par la poésie. Puis à l’âge de 23 ans, elle écrit son premier roman « Faïza, le défi » qui fut un roman révélateur de la condition de la femme et soulève le problème d’analphabétisation qui touche l’agente féminine, les liens sociaux, la société patriarcale et d’autres sujets sensibles. Ceci dit, ce livre a touché des milliers de lecteurs et a été largement diffusé dans la presse écrite et audiovisuelle à sa sortie en 2002 en Algérie.
Après ce premier roman, d’autres livres ont suivi dans plusieurs domaines comme la qualité, le marketing, l’histoire et le roman social.

Roman social « Frisa, le défi » (Tome I) édité en 2002 en Algérie, réédité en 2011 en France.
Published 2011 by Edition Dar El Hikma, Algérie
Published 2011 by Edition Edilivre, France

Livre professionnel en management de la qualité.
Démarche qualité dans l’entreprise et analyse des risques
Publié 2004 by Edition Houma, Alger, Algérie.


Livre d’histoire.
El Hadef, le symbole d’une lutte.
Publié 2005 by Edition Dar El-Houda,Algérie.

Livre professionnel en Marketing.
Apport la culture marketing dans le développement touristique/ Etude comparative au sein des pays du Maghreb : Algérie, Maroc, Tunisie.
Publié 2008 by Edition Houma, Alger, Algérie.

Roman social « Frisa, une vie d’ici et d’ailleurs » (Tome II).
Publié 2 014 by Edition Edilivre, France


Roman social « L’Accomplissement » (compilation des deux Tome I et II).
Publié 2019 by Edition Librinova, France

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